Emmanuelle Assmann, Présidente du CPSF

Pour le Mag’, la présidente du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), Emmanuelle Assmann, revient sur l’été des bleus paralympiques à Rio et nous propose un point sur la candidature française pour l’organisation des Jeux de 2024. Rencontre.

La Missao Rio est réussie, soulagée ?
Heureuse même, on peut saluer cette belle réussite sportive, médiatique et l’esprit d’équipe qui a régné à Rio. Il y a la victoire et la manière de l’obtenir, pour cela on peut saluer les athlètes qui ont été exemplaires, et tous ceux qui les ont entourés et soutenus… ce succès collectif, c’est ce dont je suis la plus fière.

On craignait des Jeux de Rio souffrant d’une organisation bancale, moins populaires... Comment les avez-vous vécus ?
Effectivement l’été 2016 a été difficile, avec une sorte d’euphorie négative, un peu excessive. L’IPC et le comité d’organisation ont fait un travail fantastique pour offrir
les meilleures conditions d’accueil aux athlètes paralympiques. Pour preuve plus de 200 records du monde ont été battus à Rio ! Le village était très beau et les transports n’ont pas posé tant de problèmes que cela. Pour les supporters et les volontaires ce fut plus compliqué. Un grand merci à ceux qui ont travaillé à ce succès. Nous, avec les fédérations, avons veillé à garder le cap sur la préparation.

Comment avez-vous ressenti l’accueil des cariocas ?
Exceptionnel. Dans tous les stades ils ont mis une belle énergie pour encourager les athlètes, toujours avec une volonté de découvrir et de porter les sportifs paralympiques avec une vraie envie de fête !

L’équipe paralympique était composée d’athlètes provenant de 5 fédérations, comment s’est passée cette première collaboration ?
C’était un vrai challenge. On avait à coeur de réussir un collectif gagnant avec des fédérations qui ont des historiques et des cultures différentes des Jeux, et de créer ensemble, avec les cadres, les communicants, les techniciens, les médicaux et paramédicaux, une émulsion respectant les spécificités de chacun, au profit des sportifs et au service du collectif.

La délégation était plus restreinte qu’à Londres, un choix judicieux ?
C’est certain. On a tous été marqués par le classement décevant en 2012. L’objectif était donc celui de la conquête de l’or, avec comme enjeu de protéger et d’accompagner les leaders, avec le meilleur dispositif possible. Cela était conditionné par un groupe plus restreint. Il fallait que chacun partage la même vision, la même exigence. Je ne vous cache pas que l’on a passé des moments difficiles, certains athlètes malgré leur engagement sont restés à la maison. Nous avons eu moins de médailles qu’à Londres et cumulé 14 quatrièmes places, mais le contrat a été rempli, malgré un niveau mondial qui ne cesse de croitre et des athlètes qui font leur apparition aux Jeux et perturbent nos pronostics. Nous sommes remontés à la 12ème place avec 9 médailles d’or, mais la 17ème place n’était pas loin non plus ! Chaque confrontation s’est jouée à peu de choses.

Un mot sur la médiatisation ?
Elle a tout changé ! Même en termes de performances, je suis convaincue que les athlètes sont plus forts quand ils sentent soutenus. Cette énergie positive change tout aussi pour les cadres, les bénévoles, c’est une vraie reconnaissance du travail accompli dans les clubs. Cela change tout aussi pour les personnes en situation de handicap, persuadées que le sport n’est pas fait pour elles. Cela ouvre un champ de possibles qu’elles n’imaginaient pas ! Merci à France Télévisions et aux médias présents.

L’exclusion de la Russie a joué sur ces Jeux ?
Bien sûr, la décision a été difficile à prendre pour l’IPC, elle a été prise pour l’avenir du mouvement, la défense de ses valeurs, notamment l’équité. Le plus dur reste à venir, il faut aider le mouvement paralympique russe à reconstruire une organisation permettant aux athlètes de reprendre part aux compétitions internationales et se préparer dans de bonnes conditions.

Quels enseignements tirez-vous pour préparer les prochains Jeux ?
Le travail est déjà amorcé pour les Jeux d’hiver à Pyeongchang 2018, avec un premier déplacement en novembre pour repérer les sites. Les premiers enseignements dans la perspective de Tokyo 2020, sont de maintenir notre niveau d’exigence pour les sélections, d’entretenir cet état d’esprit collectif positif, d’anticiper le plus possible la préparation et de s’entourer de toujours plus d’expertise, notamment sur place.

Un mot sur la candidature de Paris 2024 ?
Nous y travaillons ! Thomas Bach, le président du CIO, s’est dit impressionné lors de sa venue à Paris. Il reste beaucoup de chemin avant la décision, mais tout le mouvement sportif avec l’Etat, la Mairie de Paris et la Région, s’implique pour avancer collectivement, pour le haut-niveau mais aussi pour le sport de masse, tout est lié. C’est la première fois que le mouvement paralympique est associé dès l’origine du projet. Pour les deux co-présidents, Tony Estanguet et Bernard Lapasset, la dimension paralympique n’est pas un passage obligé, mais bel et bien un atout pour la candidature qui transpire partout dans notre dossier. Notre succès aura un impact énorme en termes d’accessibilité et de sensibilisation du public face au handicap. On y croit !

Pour finir, que peut-on vous souhaiter ?
De continuer à être fière de ce mouvement et d’être toujours en cohérence avec les valeurs qu’il défend, et qu’elles soient partagées par tous les acteurs. // Propos recueillis par Benoît Hétet

Bio & repères

  • 42 ans, Présidente du Comité Paralympique et sportif Français et Secrétaire Générale de la Fédération Française Handisport (mise à disposition par le Groupe EDF)
  • 2014 Chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur
  • 2012 - 2013 Responsable communication à la Direction Régionale ERDF Picardie
  • 2009 - 2012 Chargée de communication à la Délégation régionale EDF Normandie
  • 2005 - 2008 Chargée de projet au département sponsoring sportif de la Direction de la Communication du Groupe EDF
  • 2004 Médaillée de bronze à l’épée par équipe aux Jeux Paralympiques d’Athènes. Chevalier de l’ordre national du Mérite
  • 2002 Assistante de projet, Fondation EDF
  • De 1998-2002 Assistante de département (communication et administration-finances) à la Fédération Française Handisport
  • 1994-1996 Clerc de notaire