Des Jeux réussis et marquants

Depuis 1992 et les Jeux Paralympiques de Barcelone, la France ne cessait de reculer au classement des nations. La délégation tricolore cuvée 2016 a mis fin à cette spirale en passant de la 16e place à Londres à la 12e à Rio. Mieux même, la FFH avec neuf médailles d’or sur 28 au total, a même atteint le dixième rang des épreuves ouvertes pour les personnes en situation de handicap physique et sensoriel, à l’exception des épreuves de triathlon, canoë-kayak et aviron. Si le nombre global de médailles est néanmoins inférieur à celui espéré, le clan français peut être satisfait.

Avec neuf médailles d’or glanées à Rio, la France est bien à sa place. En 2012, les Bleus avaient collectionné 45 médailles mais seulement 8 en or pour 19 en argent et 18 en bronze. « Nous avions un peu moins de chances de titres qu’en 2012, estime Pierrick Giraudeau, DTN adjoint en charge du haut-niveau à la FFH. Mais cette année, les sportifs capables d’aller chercher des titres, étaient mieux préparés et mieux accompagnés. » Douzième au général, l’équipe de France Handisport pointe même à la dixième place. « Être sous la barre des 30 médailles m’interpelle un peu », nuance-t-il. Les quatorze quatrièmes places constituent notamment une petite déception.

Le classement de la délégation handisport, seule des cinq fédérations de l’Équipe de France Paralympique à avoir touché l’or et l’argent, valorise la stratégie 2012-2016 reposant sur la constitution d’une équipe réduite tournée vers un seul et même objectif de performances. « L’une des grandes satisfactions est d’avoir su rester mobilisés jusqu’au dernier jour », reprend Pierrick Giraudeau. « Nous savions que les dernières épreuves pouvaient nous sourire. Il fallait donc rester positif pour ne pas plomber le moral de nos représentants en lice à la fin des Jeux. »

L’ascenseur émotionnel
Pourtant, ce ne fut pas simple. « Il a fallu faire face à de vrais ascenseurs émotionnels », insiste-t-il. « Le lundi soir, lorsque la dernière barre de notre haltérophile Souhad Ghazouani est refusée, je revois les visages ultra joyeux des Nigérians qui contrastaient avec notre désarroi. Le jeudi soir, juste après la victoire de l’équipe de France d’épée contre la Chine, les visages chinois étaient identiques aux nôtres le lundi soir. Et nous, nous étions dans un état de joie indescriptible. » Un autre souvenir : «Le vendredi soir, je suis dans la tente de l’athlétisme pour réconforter Timothée Adolphe, en larmes après sa disqualification. Juste après, Jean-Jacques Dubois, le DS de la voile, m’annonce que Damien Seguin, lui, revient dans la course au titre en 2.4 après la réclamation posée contre l’Australien. » Toute la magie des Jeux réside dans ces émotions diamétralement opposées, vécues parfois en un laps de temps record. // J. Soyer

Avis d’expert

Un succès médiatique

« On ne pouvait pas allumer la télé ou la radio sans entendre parler des Jeux Paralympiques de Rio. » Xavier Bachimont, membre de la cellule communication de la Fédération Française Handisport et attaché de presse de l’Equipe de France Paralympique est satisfait de la couverture médiatique de ces XVes Jeux Paralympiques d’été. « C’est une vraie réussite. Elle est liée à la programmation de France Télévisions tout au long des épreuves. Aux directs (une première pour des Jeux estivaux), aux reportages et aux journaux télévisés… » 1,2 millions de téléspectateurs ont suivi la cérémonie d’ouverture à 1 h du matin. Dès le troisième jour, ils étaient 1,6 millions devant leur petit écran pour suivre les prouesses des sportifs en deuxième partie de soirée sur France 2. Ces audimats ont clairement dépassé les attentes. « Les sujets polémiques et les inquiétudes qui ont précédé les Jeux ont favorisé cet intérêt », estime l’attaché de presse. « Au départ, le public pensait voir un fiasco. Finalement, les Français ont vu que ça se passait bien. Ils ont ensuite apprécié les performances. » Ce retour est la récompense d’un important travail en amont. « Les journalistes étaient demandeurs, » développe Xavier Bachimont. « Et la FFH, de son côté, avait fait le nécessaire pour rendre accessible au plus grand nombre ce qui était diffusé. Sami El Gueddari avait parfaitement préparé ses Jeux pour répondre à toutes les interrogations du public. » Les programmes courts intitulés “Paralymquoi”, expliquant les classes de handicap en fonction des sports, apportaient un éclairage ludique, visuel et complémentaire aux commentaires avertis des consultants. Si aucun nouveau média n’est entré dans la danse, ceux déjà intéressés par le mouvement paralympique se sont pris au jeu. À l’image du quotidien Le Monde présent via des sujets de fond. Un autre signe fort de la réussite médiatique de ces Jeux de Rio. // J. Soyer