Dominique LAURENT, Présidente de l’AFLD

L’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) est chargée de veiller au bon respect de l’éthique sportive, d’éduquer et de prévenir tous les sportifs, quel que soit leur niveau de pratique, des méfaits du dopage dans le sport. Ces missions de prévention et de suivi de l’AFLD concernent aussi les sportifs Handisport.


© G.PICOUT
Handi Tour de l’Ain UCI, à Bourg-en Bresse le 25 mai 2019

Qu’est-ce que l’Agence Française de Lutte contre le Dopage ?
L’AFLD est une autorité publique indépendante qui exerce dans le champ du sport. Son action est de prévenir, contrôler et sanctionner tout manquement aux règles éthiques et sportives, en entraînements ou en compétitions, concernant le dopage. Elle est composée d’une trentaine de personnes travaillant au siège de l’agence, d’une quarantaine de personnes exerçant au sein du laboratoire de Chatenay-Malabry et près de 240 préleveurs vacataires, principalement des professionnels de santé répartis sur tout le territoire.

Quelles sont ses grandes missions ?
Ce sont le contrôle, l’analyse des prélèvements, l’action disciplinaire, la prévention du dopage et la recherche scientifique. Depuis 2018, nous avons amorcé de grandes réformes avec la volonté de renforcer le rôle de l’AFLD en matière de prévention du dopage. Avec les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris en 2024, nous devons avoir comme principaux objectifs de mieux communiquer sur ce que doit être une bonne pratique sportive sans dopage, qu’il s’agisse du haut-niveau ou de la pratique de loisirs, avec, bien sûr, des messages destinés également à la jeunesse. Nous conduisons cette approche en lien avec le Ministère des Sports. Quant à nous, nous avons créé au sein de l’Agence, le « comité des sportifs », composé notamment du nageur David Smétanine et de l’athlète Nantenin Keita, tous deux médaillés paralympiques. Ce comité indépendant est chargé de nous apporter son regard pour développer et affiner notre politique de prévention. Les sportifs, en effet, ont une expérience de terrain et une expertise très précieuse.

Sur le terrain justement, que faites-vous ?
Nous procédons à 8 000 contrôles par an, dont 150 sur des sportifs paralympiques, avec une politique de ciblage qui ne doit rien au hasard. Elle tient compte des risques auxquels sont exposés les différents sports et disciplines. La mise en place du passeport biologique nous permet un suivi régulier du profil de l’athlète.Notre stratégie de contrôle s’appuie également sur le renseignement et les investigations. Elles sont menées en collaboration avec le service de la gendarmerie nationale, l’Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et la Santé Publique (OCLAESP). L’Agence a d’ailleurs recruté un gendarme au sein de ses équipes. En ce qui concerne la prévention, nous multiplions les interventions en direction de différents publics tels que les sportifs mineurs à l’INSEP ou encore les préparateurs et entraîneurs des fédérations olympiques et paralympiques.

"Nous avons la volonté de renforcer le rôle de l’AFLD en matière de prévention du dopage."

Comment légitimer la lutte contre le dopage alors que les médicaments font partie du quotidien de la société civile ?
Notre travail est de prévenir et d’éduquer les sportifs qui doivent aussi avoir une éthique. Il est inutile de prendre des médicaments pour améliorer la performance, on en prend quand on est malade. Bien sûr, on peut délivrer des autorisations d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) à des sportifs malades de manière chronique ou qui le sont ponctuellement et qui en font une demande bien précise, soumise à un comité d’experts.

Pensez-vous que le Handisport et le paralympisme en général soient touchés par le dopage ?
L’analyse des risques encourus des disciplines sportives s’applique aussi bien aux sportifs valides qu’aux sportifs handisport et paralympiques, qui sont des sportifs comme les autres. Les tentations étant les mêmes, les précautions et les règles qui s’imposent se doivent d’être les mêmes. Nous collaborons très bien avec la Fédération Française Handisport et le Comité Paralympique et Sportif Français, qui revendiquent, de la même manière que pour les sportifs valides, des mesures de contrôle et de prévention sur leurs athlètes pour que soient reconnues et validées leurs performances. Je suis très heureuse d’avoir pu renforcer cette collaboration.

Il faut préparer Paris 2024. Quel héritage souhaitez-vous également laisser ?
La préparation des JOP 2024 nous conduira d’abord à assurer le contrôle des équipes de France olympiques et paralympiques et de leur dispenser la bonne information antidopage. Mais au-delà, le premier volet de l’héritage sera de diffuser une culture antidopage dans notre société, fondée sur l’éthique et les valeurs du sport, qui s’adresse aussi bien aux sportifs professionnels et amateurs, valides et non valides, adultes et publics jeunes. Le second volet de l’héritage sera de renforcer la capacité d’analyse du laboratoire, en favorisant la recherche scientifique sur les méthodes de détection des produits interdits. C’est ainsi que le laboratoire antidopage sera amené à déménager avant les Jeux de 2024 pour occuper de nouveaux locaux à Orsay, au coeur de l’Université Paris-sud, qui dispose d’un plateau technique et d’équipes à la pointe, notamment dans le domaine de la chimie analytique fine.
Ce projet s’inscrit pleinement dans l’héritage, car il assure pour l’avenir, l’essor de l’activité du laboratoire. Les collaborations scientifiques de haut niveau dont il bénéficiera dans cet environnement, renforcera la place de la France au plan mondial, en matière de détection du dopage. Propos recueillis par R. GOUDE

Plus d’infos : afld.fr

Bio & Repères


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Dominique LAURENT

Parcours

  • Membre du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes
  • Conseillère d’État, membre de la section sociale
  • 2017 : Présidente de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage
  • 2011 à juillet 2017 : Présidente à la chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins
  • 2010 à 2016 : membre du collège de l’ARJEL
  • 2002 à 2008 : Directrice des Sports
  • 1996 à 2000 : Directrice de la politique médicale de l’AP-HP
  • 1993 à 1996 : Directrice des affaires juridiques de la Ville de Paris
  • 1990 à 1992 : Directrice de cabinet de M. Bruno DURIEUX, Ministre délégué à la Santé

Études

  • Diplômée de l’ENA (promotion Guernica 1976)
  • Diplômée de l’IEP Paris