Mieux comprendre : stress, burn out, dépression et sport

PSYCHOLOGIE

Stress, burn out, dépression… Nous entendons parler régulièrement de ces trois notions dans les différents domaines de notre vie, au travail, à la maison, en lien avec des événements de vie ou non, et dans le sport également. Définir ces termes permet d’être mieux armé pour les repérer, les comprendre et surtout pour connaître les accompagnements possibles face à l’une de ces situations.

Depuis quelque temps, les sportifs osent évoquer leur mal-être, autrefois appelé « fatigue mentale » ou encore « petite forme ». Cela existe depuis longtemps, mais évoquer ces difficultés démolit le mythe de l’invincibilité et du dépassement de soi. Il est encore tabou de parler de sa vulnérabilité dans un domaine où la force et la performance dominent.

LE STRESS

Le stress n’est en soi ni bon, ni mauvais. C’est une réaction physiologique et psychologique normale de l’organisme face à une situation perçue comme dangereuse. Du temps de l’Homme des cavernes deux options s’offraient à nous : fuir ou combattre ! Depuis, les neuroscientifiques parlent de retrait, de lutte et d’inhibition de l’action, comme trois façons de s’adapter à une situation stressante. Le stress chronique serait responsable de troubles psychosomatiques et de baisse de l’immunité. « Il serait sans doute préférable, dans certains cas, pour traiter un ulcère de l’estomac, d’éloigner la belle-mère, par exemple, plutôt que de pratiquer une gastrectomie qui ne changera rien au facteur environnemental », selon l’avis du Dr. Henri Laborit, chirurgien, neurobiologiste et philosophe des sciences.

TROIS PHASES

Le niveau de stress est associé à un sentiment de perte de contrôle sur sa vie et ses émotions (colère, pleurs, énervement, etc.). Il comprend trois phases. « L’alarme » tout d’abord. On fait face mais on puise dans nos ressources énergétiques. Suivie de « la résistance », on repousse, mais on est sous tension. Le corps a du mal à récupérer. Si les conditions stressantes perdurent ou s’enchaînent sans récupération possible vient alors la phase suivante : « l’épuisement ». La situation est installée dans le temps, le stress est permanent et devient chronique, pouvant mener au burn-out.

LE BURN-OUT

Le burn-out en général se présente selon trois volets que sont l’épuisement émotionnel, la déshumanisation (une absence de ressenti émotionnel) et le sentiment d’échec. Ces éléments ont été décrits par la psychologue du sport Sandrine Isoard-Gautheur et déclinés dans le milieu sportif : l’épuisement émotionnel et/ou mental et physique, un sentiment de fatigue émotionnelle et physique provenant des demandes associées à l’entraînement et à la compétition ; le sentiment de diminution de l’accomplissement, caractérisé par un sentiment d’inefficacité et la tendance à s’évaluer négativement ; la dévalorisation du sport définie comme une attitude négative, détachée vis-à-vis de la pratique, se traduisant par un manque d’intérêt à propos du sport et de la performance.

BURN-OUT OU DÉPRESSION ?

La différence entre le burn-out et la dépression est que la personne dépressive voit toute sa vie touchée par cet état léthargique, avec une perte d’envie, de plaisir dans tous les domaines de sa vie. Le burn-out peut amener à une dépression, qui devra alors être prise en charge médicalement.
Plusieurs facteurs peuvent générer du stress et déboucher sur un syndrôme d’épuisement, ou vers la dépression : la « bulle » du sportif qui, parfois, depuis la préadolescence, est dans un environnement qui vise la performance (sport études) et qui se coupe de sa vie : celle-ci tourne uniquement autour de l’envie de performance et environnement amical exclusivement dans le contexte sportif ; la professionnalisation du sportif de plus en plus jeune (en gymnastique par exemple), plus un athlète est jeune plus il doit être accompagné ; l’envie d’être le meilleur, nécessaire pour performer mais pouvant mener au surentrainement ; la mono pratique sportive et sport de répétition qui créent de la lassitude voire de l’usure (par exemple en natation ou cyclisme) ; le regard des autres et leurs attentes (jugement, comparaison des performances, commentaires) ; les réseaux sociaux pouvant précipiter un mal-être par une surexposition ; la mise en avant du corps des athlètes et enfin la question de l’idéal est à la fois un moteur puissant, mais c’est aussi un facteur d’épuisement lorsque nos capacités et ressources ne permettent pas de l’atteindre.

"Il faut prendre soin de soi et de sa vie dans sa globalité."

SE PROTÉGER OU SE FAIRE AIDER

Notre état psychique est notre meilleur atout pour performer. Les formations de préparateur mental l’ont bien compris. Cependant, il ne s’agit pas seulement de trouver le moyen d’avoir les meilleures performances, il faut prendre soin de soi et de sa vie dans sa globalité. Avoir un environnement social varié, s’ouvrir à d’autres centres d’intérêt, nous permet de nous ressourcer pour mieux nous focaliser lorsque c’est le moment, sur la pratique sportive. Si cela devient nécessaire, il faut consulter un spécialiste, psychologue ou psychiatre, voire son médecin généraliste pour une première évaluation. Il est important de ne pas rester seul face à son mal-être afin de partager ses émotions et trouver les moyens de s’en sortir. Si l’épuisement ou la dépression sont présents, c’est que la capacité à se ressourcer et à trouver des solutions seul ne sont plus possibles. Un arrêt de la pratique peut être nécessaire pour s’extraire du contexte anxiogène et se ressourcer. Parfois des traitements médicamenteux seront nécessaires pour apaiser le mental dans les premiers temps. Ils doivent être prescrits par des médecins en complément d’un suivi psychologique. Si le soin est refusé par déni, rejet de l’arrêt de la pratique sportive, crainte du jugement, pression, le risque est grand de décompenser : le corps ne peut alors plus agir et le mental se fige. C’est alors un motif d’hospitalisation, qui demeure heureusement rare. La pratique sportive, notamment à haut niveau, est un métier comme les autres concernant la question du bien-être, et doit donc être posée en termes de risques psycho-sociaux.

Dossier réalisé par Caroline Olejnik, Psychologue clinicienne et institutionnelle et Commission médicale FFH.

RESSOURCES

  • LIVRES
    • “Arrêtez de vous faire du souci pour tout et pour rien” Robert Ladouceur
    • “Guide du burn-out” Anne Everard
    • “Faire face à la dépression” Dr. Charly Cungi
  • ​SITE
  • APPLICATIONS
    • Gratuites : Relax, Respire
    • Partiellement gratuites : Petit Bambou, Calm