Brigitte Henriques, Présidente du CNOSF

Ancienne joueuse de football international, Brigitte Henriques est élue le 29 juin 2021 présidente du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF). Elle succède à Denis Masseglia, à la tête de l’instance olympique depuis 2009, et devient la première femme à occuper ce poste. Créé en 1894, par le Baron Pierre de Coubertin, le CNOSF a pour objectif de représenter le mouvement sportif français, notamment les fédérations sportives sur le territoire et à l’international. Il a pour mission de développer, promouvoir et protéger le mouvement olympique et ses valeurs.

Que pensez-vous du bilan des Bleus lors des Jeux d’hiver à Pékin ?
J’aimerais tout d’abord dire combien le CNOSF était en soutien du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) et de ses athlètes, partis à Pékin dans un climat de guerre et dans un contexte sanitaire hors du commun. Nous étions très fiers de les encourager à distance. Le bilan me semble extrêmement positif puisque la délégation paralympique se classe à la 4e place des nations avec de belles médailles d’or. Je veux féliciter Marie-Amélie Le Fur et l’ensemble de l’équipe de France unie, solidaire et conquérante. Bravo à toutes et tous pour leurs performances et leur détermination.

À vos côtés, on compte de plus en plus de femmes. Le paysage sportif français semble changer et se tourner vers plus de mixité, qu’en pensez-vous ?
C’est vrai et c’était indispensable. On sait que la population mondiale se compose globalement de 50 % de femmes et de 50 % d’hommes. Cette mixité des genres doit donc se décliner dans la gouvernance du sport qui doit être le reflet de notre société. Nous comptons aujourd’hui treize présidentes de fédérations non olympiques et trois présidentes de fédérations olympiques ; sachant que le CNOSF rassemble 108 fédérations et membres associés, il est facile de comprendre qu’il y a encore beaucoup à faire. Je prône la mixité car c’est le fait qu’il y ait dans notre écosystème suffisamment de femmes pour enfin accéder à la parité.

Comment expliquez-vous ces changements ?
Ce mouvement a mis un certain temps à s’enclencher et nous sommes encore loin du but. Je crois que la médiatisation du sport féminin a joué un rôle important — plus de 20 % de sport féminin est aujourd’hui diffusé —, sachant que sur Sport en France, la chaine du mouvement sportif, 50 % des programmes traitent du sport féminin ! Et puis, les performances des athlètes ont été un vrai catalyseur : à Tokyo, les femmes de l’équipe de France ont remporté plus de médailles que les hommes. Enfin, de nombreuses fédérations se sont emparées du sujet du développement du sport féminin, de la formation des futures dirigeantes et de la féminisation des instances. Il reste encore beaucoup à faire, c’est pourquoi le CNOSF s’engage en créant « le Club des 300 femmes dirigeantes » et « le Club de la Mixité ».

"La mixité des genres doit se décliner dans la gouvernance du sport.”

Ce dernier a été lancé lors de la première édition du Colloque de la Mixité, qui a réuni à la Maison du Sport français, plus de 350 personnes et pas moins de quatre ministres parmi les intervenants. Les échanges de bonnes pratiques que nous organisons entre fédérations ont aussi contribué à l’évolution du paysage sportif.

Nous sommes à quelques mois des Jeux de Paris. Sommes-nous prêts ?
Le 13 mars dernier s’est tenu un Conseil d’administration au cours duquel Nicolas Ferrand, directeur général de la Solideo, a confirmé que nous étions dans notre agenda, parfaitement dans les temps à propos de la livraison des équipements. Concernant l’engouement, la célébration, ce sont des thèmes sur lesquels nous travaillons d’arrachepied. Au CNOSF, avec notre vice-présidente Marie-Françoise Potereau, nous avons récemment mené une revue de l’ensemble des projets des différentes fédérations qui sont d’ores et déjà mobilisées. Même s’il nous faut encore aller plus loin, car à date, nous ne comptons que cinquante-cinq fédérations labellisées « Terre de Jeux ».

La FFH est membre du CPSF et du CNOSF. Comment appréciez-vous le rôle des fédérations historiques sur le terrain du sport pour tous ?
Il est certain que le paysage du sport français a été modifié par les nouvelles attentes des pratiquants qui se tournent nombreux vers une pratique loisir. De fait, la place du « sport pour tous » est fondamentale et l’ensemble des fédérations a dû s’emparer de ce sujet. Les enjeux de santé publique que nous connaissons, avec en particulier la véritable bombe à retardement que constitue la sédentarité dans notre société, donne un vrai sens citoyen à cette évolution. Il est donc désormais important pour l’ensemble des fédérations de pouvoir concilier, dans l’offre de leurs clubs, la pratique dite de loisir et la compétition qui conduit au haut niveau.

À quoi devra ressembler le mouvement sportif en 2025 ?
J’espère que notre nation aura intégré le sport à son mode de vie, que le plus grand nombre entamera sa journée par une activité physique ou sportive, que celle-ci sera intégrée dans le temps de travail et qu’il y aura beaucoup plus de sport dans les parcours scolaires, de la maternelle à l’université. Enfin, que nous compterons beaucoup plus de champions et de championnes, et que nos stades et infrastructures établiront des records d’affluence chaque fois que nos équipes nationales y évolueront. // Propos recueillis par Angeline Guyon

Plus d’infos : cnosf.franceolympique.com

Bio & repères

Brigitte Henriques

Née le 4 mars 1971

Parcours

  • 29 juin 2021 : Présidente du CNOSF
  • 2019 : Copréside le Comité d’organisation de la Coupe du Monde féminine de football organisée en France
  • 2017 : Vice-présidente du CNOSF, Chevalier dans l’Ordre national du Mérite
  • Depuis 2017 : Vice-présidente déléguée de la Fédération Française de Football
  • 2011 : Secrétaire générale de la Fédération Française de Football
  • 2008-2010 : Manager générale de la section féminine du PSG
  • 2002-2003 : Entraîneure adjointe du Pôle France
  • 1988-1997 : 31 sélections en équipe de France

Lexique

ANS : Agence Nationale du Sport
CNOSF : Comité National Olympique Sportif Français
CPSF : Comité Paralympique et Sportif Français