Gagnons Tokyo : mission accomplie pour Handisport

Avec 40 médailles glanées sur les 54 de la délégation paralympique, l’équipe de France handisport, malgré la pandémie, a rendu une copie très satisfaisante aux Jeux Paralympiques de Tokyo. Ce bilan positif prouve la belle adaptation des sportifs et de leurs encadrants. Un seul regret, le manque de médailles d’or. Pierrick Giraudeau, Attaché Performance et Haute-performance pour la FFH et Norbert Krantz, manager Haute-performance des sports d’été, reviennent sur ces Jeux et avancent des pistes pour aller chercher plus de titres aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Dossier réalisé par Julien Soyer

« Depuis Londres 2012, nous avons toujours atteint les objectifs, aux Jeux d’hiver, comme d’été », apprécie Pierrick Giraudeau. Avec 40 médailles décrochées à Tokyo (contre 22 à Rio), la FFH a relevé le défi. « Ce bilan procure une satisfaction globale », appuie Norbert Krantz. « Doubler le nombre de podiums avec l’absence des Russes en 2016 valide le travail de la cellule haute performance et des programmes engagés post Londres par la FFH. Dans un monde paralympique de très haut niveau, on est bien lancé. D’autant que nous avons aussi une dizaine de 4es et 5es places. »
Le manque de médailles d’or contrarie, un peu, cependant, ce brillant résultat. Même s’il y a du progrès par rapport à Rio (7 titres à Tokyo contre 6 à Rio, sachant que la FFH a perdu des délégations durant cette dernière paralympiade), aller chercher davantage d’or demeure un axe de travail fort dans l’optique de Paris 2024.

Le cyclisme et le tennis de table brillent
La natation et l’athlétisme, deux sports pourvoyeurs de médailles, illustrent ce déficit. « Le nombre de médailles gagnées est respectable mais pas exceptionnel », situe Pierrick Giraudeau. « En natation, Tokyo 2020 a permis de confirmer des profils de sportifs performants mais la magie des Jeux n’a pas opérée. » Norbert Krantz, lui, souligne le manque de représentativité de la France, dans ces disciplines, au regard du nombre d’épreuves ouvertes. « C’est une réalité et un challenge pour Paris », complète Pierrick Giraudeau. « La détection, puis l’accompagnement individualisé de profils de sportifs plus complexes à entraîner au quotidien, ainsi que le travail de fond qui est mené pour une progression du niveau des Collectifs France, permettront de disposer de davantage de places à Paris pour des nageurs et des athlètes performants à l’international. »
Le tennis de table, à l’image de Fabien Lamirault (double médaillé d’or), s’est maintenu à un haut niveau. L’apaisement et la sérénité ont régné au sein de ce collectif.
Le cyclisme, sur route comme sur piste, s’est aussi couvert d’or. « De nombreux sportifs qui découvraient les Jeux ont confirmé leur niveau de performance à l’international », se réjouit Pierrick Giraudeau. « Cela récompense des synergies positives et des concertations constructives entre la FFH, les staffs personnels, la Fédération Française de Cyclisme (prêt de matériel) et l’Agence Nationale du Sport (achat de matériel). Un modèle à dupliquer sur d’autres sports. »

" Depuis Londres 2012, nous avons toujours atteint les objectifs, aux Jeux d’hiver, comme d’été."

Alexandre Léauté et Dorian Foulon, deux champions paralympiques et 5 médailles sur le plateau de France TV

Des sports en construction
Quatre sports n’ont pas été décorés à Tokyo avec des fortunes diverses : la boccia (paire BC3), le cécifoot, le rugby fauteuil et le tir à l’arc. Des premières expériences paralympiques complexes à appréhender, la difficulté à saisir les opportunités pour d’autres, une densité internationale forte ou des entrées en compétition mal négociées expliquent ces résultats et ces absences de podiums. « Dans les sports collectifs, plus spécialement, il faut doubler les postes pour mettre en place des animations différentes, sans influer sur la compétitivité de l’équipe », avance Pierrick Giraudeau. « Cela passe par davantage de regroupements, de confrontations et de travail individuel. Franchir un cap sportif passe inévitablement par plus de moyens. » Le basket-fauteuil, en reconstruction, et le goalball féminin, qui émerge, sont à suivre pour Paris.Le bon comportement des primo-accédants aux Jeux (15 sont médaillés dont 7 multi-médaillés) est une autre source de satisfaction. Ce n’est pas le fruit du hasard. Ces résultats valorisent la structuration de la détection engagée depuis 2012, comme le dispositif JAP (Jeunes à Potentiel) impulsé par la DTN et les nombreux acteurs des comités et des commissions sportives. « La majorité de ces jeunes a été détectée entre Londres et Rio », rappelle-t-il, « ils seront ambitieux à Paris. »

Une bonne gestion des contraintes Covid
Les équipes de France handisport ont plutôt bien négocié l’année de report. « Elle a permis de se concentrer sur soi grâce à une écoute plus attentive de son corps et de son énergie. Beaucoup de sportifs en ont profité pour renforcer leurs points faibles et tester quelques méthodes douces comme la relaxation… », décrypte Norbert Krantz. « Ils ont ainsi pu se renforcer physiquement et mentalement. » Un constat qui se vérifie dès à présent. « Beaucoup sont déjà repartis dans le projet Paris 2024 », souligne Pierrick Giraudeau. pour le bien des sportifs et des staffs avant tout. « Les Fédérations préparent les collectifs et assument la gestion des sportifs et des staffs, quand le CPSF est en charge de toute la logistique », apprécie Pierrick Giraudeau. « Il faut une concertation accrue entre les différents acteurs accompagnant le projet de performance du sportif. »
Si disputer ces Jeux a été un soulagement pour tous, il ne faut pas minimiser les conséquences du Covid. Des épreuves sélectives et qualificatives ont été reportées ou annulées, des stages et des préparations perturbés. Il a fallu composer avec ces protocoles, indispensables mais pesants avant et pendant les épreuves paralympiques.
Dans ce contexte particulier, chacun a dû trouver des ressources pour répondre au défi qui lui était lancé. « Paradoxalement, le manque de public a induit chez nos sportifs une forte capacité à se concentrer sur l’essentiel », explique Norbert Krantz. « Les Bleus ont peut-être déjà bénéficié du “home advantage” des Jeux de Paris. Certains ont relativisé les huis-clos parce qu’ils savaient que dans trois ans, leurs proches seront là », traduit Pierrick Giraudeau. Ce contexte a sans doute été un accélérateur en termes de dynamique positive, tout le monde se retrouvant dans le même bateau.

Les sportifs de l’Équipe de France Olympique et Paralympique ont été reçus à l’Élysée le 13 septembre par le Président de la République, Emmanuel Macron.

De plus en plus de nations gagnent au moins une médaille
Pour ramener davantage d’or à Paris, il faut donner les moyens à celles et ceux qui n’étaient pas loin d’aller chercher ces 2 ou 3 % supplémentaires indispensables pour décrocher le Graal. « On va continuer dans la haute-précision et renforcer celle-ci », affirme Norbert Krantz, qui a beaucoup oeuvré pour permettre d’étoffer les staffs et les bonnes conditions de préparation. « Développer encore le travail avec des scientifiques. »
L’ANS va mettre les moyens financiers pour que les sportifs et les staffs soient totalement dédiés au projet Paris 2024. C’est indispensable. Aujourd’hui, beaucoup plus de nations sont concernées par le gain d’au moins une médaille. Pour de nombreux pays, les Jeux Paralympiques permettent de prendre place sur l’échelle géopolitique. Ils misent sur des niches ou ciblent un ou deux sports, pour gagner un maximum de titres. Témoin, l’Azerbaïdjan (10e), devant la France (14e) au classement des nations, avec seulement 19 médailles mais 14 en or. Les Bleus et leurs staffs sont à la tâche. Rendez-vous à Paris en 2024.

Retrouvez le parcours des Bleus Handisport à Tokyo sur : bleushandisport.com

Tokyo 2020 en images

Retour en images

Les Jeux Paralympiques de Tokyo auront été aussi particuliers qu’exceptionnels pour les sportifs de la Fédération. Avec 40 médailles décrochées sur les 54 récoltées par l’ensemble de la Délégation française emmenée par le CPSF au Japon, nos sportifs se sont illustrés avec panache. Durant 12 jours, les 90 athlètes Bleus handisport nous ont offert des moments inoubliables et inspirants. À 3 ans des Jeux de Paris 2024, ce succès collectif a pu se construire autour des sportifs grâce aux staffs, clubs, comités territoriaux, commissions sportives, partenaires et l’ensemble des supporters !

Cyclisme

1. 2. 5.  

3. 4.

6.  7.  8. 

Lors de la première journée, Marie PATOUILLET (1) ouvre le compteur tricolore en Cyclisme sur piste, elle remporte la médaille de bronze sur le 3000m poursuite individuelle C5, avant de prendre le bronze également lors de la course en ligne.
Dorian FOULON (2), qui s’entraine au pôle paracyclisme de Urt, est sacré Champion paralympique sur piste en poursuite individuelle C5 (4000m).
Le jeune breton, licencié à Urt également, Alexandre LÉAUTÉ (3) aura été impérial au Japon, avec 4 médailles. Il gagne le titre sur la poursuite individuelle C2 sur piste, l’argent dans le contrela- montre km C1-3, puis un doublé en bronze sur route, contre-lamontre C2 et course en ligne C1-3.
Au pied du podium sur piste, en bronze sur la course en ligne tandem, le duo Alexandre LLOVERAS et son pilote Corentin ERMENAULT (4) terminent les Jeux par une fantastique Marseillaise offert au clan tricolore, lors du contre-la-montre.
La paire Raphaël BEAUGILLET - François PERVIS (7) décroche le bronze dans le kilomètre contre-la-montre en tandem sur piste.
Florian JOUANNY (6) réalise le triplé en cyclisme sur route, sacré Champion paralympique lors de la course en ligne H2 (handbike H2), il récolte également le bronze sur le contre-la-montre, avant de remporter la médaille d’argent du relais par équipe H1-5 avec ses coéquipiers, Riadh TARSIM et Loïc VERGNAUD (8). Ce dernier réalise également un fabuleux triplé, grâce à deux médailles d’argent individuelles, en contre-la-montre et sur la course en ligne H5.
Sous un déluge de pluie et d’admiration, Kévin LE CUNFF (5) monte sur la plus haute marche du podium lors de la course en ligne C4-5 pour entonner la Marseillaise avec tous les Bleus.

Natation

 1.  2.

 3. 
Les jeunes talents de la natation française handisport n’ont pas déçu ! Ugo DIDIER (1) rentrera du Japon avec deux médailles autour du cou, l’argent obtenu sur le 400 m nage libre S9 et le bronze en finale du 200 m 4 nages, tout comme Alex PORTAL (2), second de la finale du 200 m 4 nages S13 et 3e de celle du 400m nage libre S13. Eternel abonné des 4es places, Florent MARAIS (3) lève la malédiction avec une belle médaille de bronze sur le 100 m dos S10.

Développé-couché

4.  5. 

Deux sur deux du côté tricolore, lors des épreuves de développécouché. Axel BOURLON (5) obtient l’argent en moins de 54 Kg messieurs et Souhad GHAZOUANI (4) se classe troisième chez les moins de 73 Kg dames.

Athlétisme

1.   3.  4.   

5.2. 

 6. 7. 
Les sautoirs du stade olympique de Tokyo ont souri aux athlètes français. Pour clore son incroyable carrière avec panache, Marie- Amélie LE FUR (2) s’offre l’argent en finale du saut en longueur T64, tout comme Dimitri PAVADÉ (1) chez les garçons. Le nantais Ronan PALLIER (3) s’offre la lumière du podium et le bronze dans le concours de saut en longueur T11, guidé par Gautier SIMOUNET.
Malheureux sur le tour de piste, disqualifié, Timothée ADOLPHE associé à son guide Bruno NAPRIX (5), se relève, comme toujours, pour aller remporter avec brio la médaille d’argent en finale du 100 m T11. Autre duo brillant, Trésor MAKUNDA & Lucas MATHONAT (6) se classent 3es de la finale du 400 m T11.
Deux médailles de bronze supplémentaires viennent s’ajouter au bilan, avec les deux piliers du groupe France, Mandy FRANÇOISÉLIE (4) sur le 200 m T37 et le charismatique néo-calédonien Pierre FAIRBANK (7) en finale du 800 m T53.

Tennis de table

1. 2.
3. 4. 
5.  6.

7.  8. 

Les jeunes talents du ping handisport tricolore n’ont pas manqué leur rendez-vous paralympique, à l’image de Matéo BOHÉAS (8), vice-champion paralympique lors du tournoi individuel classe 10, ou encore la paire Thomas BOUVAIS, Clément BERTHIER (1) en bronze dans le tournoi par équipe classe 8.
Les piliers du collectif tennis de table ont complété la collection de médailles, avec la manière. Les deux françaises Anne BARNÉOUD et Thu KAMKASOMPHOU (7) remportent le bronze dans le tournoi par équipe classes 7-8, après avoir brillamment arraché cette même médaille de bronze dans leurs tableaux respectifs en individuel.
Habitué des podiums paralympiques, Maxime THOMAS (5) apporte le bronze en individuel classe 4, avant de gagner le même métal par équipe, associé à Florian MERRIEN (4) et Nicolas SAVANT-AIRA (2) dans le tournoi classes 4-5.
Fabien LAMIRAULT (6), magistral une nouvelle fois, le champion en titre conserve l’or paralympique dans le tournoi individuel de tennis de table Classe 2, avant de réaliser le doublé par équipe, avec son coéquipier Stéphane MOLLIENS (3).

Escrime

1.
En escrime-fauteuil, lors de la compétition du fleuret par équipe, le trio de fines lames françaises, Damien TOKATLIAN, Maxime VALET (1) et Romain NOBLE s’adjugent le bronze.

Boccia


Sonia HECKEL, Samir VANDERBEKEN et Rodrigue BRENEK, et leurs assistants, Florent Brachet, Thomas Walgraef et François Schraen, ont fait honneur au maillot des Bleus pour l’entrée de la boccia française aux Jeux.

Tir à l’arc

2. 3. 

Julie CHUPIN (3), Daniel LELOU, Eric PEREIRA et Guillaume TOUCOULLET (2) auront offert de belles prestations au clan français dans les épreuves de tir à l’arc. Si le podium n’est pas au rendezvous, la détermination et l’engagement n’auront pas manqué.

Cécifoot


Parcours difficile à Tokyo pour les vice-champions paralympiques de Londres 2012. L’équipe de France de Cécifoot a malgré tout montré un visage de conquérant et poursuit sa reconstruction pour aller droit au but à Paris en 2024.

Rugby-fauteuil


L’équipe de France de Rugby fauteuil aura pourtant tout donné et n’aura pas à rougir de son tournoi paralympique. Quelques petits points auront manqué parfois en fin de match, pour offrir un scénario plus favorable aux Bleus. Ils terminent sixièmes.