Jeux Mondiaux des sourds, retour sur les 19es Deaflympics d’hiver

Du 12 au 21 décembre dernier, deux skieurs alpins de la délégation française handisport ont affronté l’élite sourde et malentendante internationale lors des dix-neuvièmes Deaflympics d’hiver, à Valtellina et Valchiavenna en Italie. Au total, cinq médailles ont été décrochées par nos deux skieurs malgré une délégation française réduite et une concurrence inconnue.

Trois médailles d’argent et deux médailles de bronze pour Thomas Luxcey et Nicolas Sarremejane

Pour cette dix-neuvième édition, Nicolas Sarremejane, 29 ans (Tarbes Handisport) et Thomas Luxcey, 28 ans (Club Sportif Sourd d’Annemasse), étaient emmenés par Didier Pressard, chef de mission, pour porter les espoirs de la délégation française. Sur les six disciplines présentes aux Deaflympics, les français se sont alignés sur une seule d’entre elles, le ski alpin, avec cinq épreuves : descente, Super G, slalom, slalom géant et super-combiné.

Atteindre des sommets

Avec très peu de compétitions internationales réservées aux sourds et malentendants, les Deaflympics font partie des rares moments où l’élite se regroupe et se découvre. Plus de 1 200 athlètes et officiels étaient attendus pour cette édition. « La difficulté pour nos athlètes est qu’il n’y a pas de circuit international sourd. On manque de repère. On ne connaît pas la concurrence et on est amené à la découvrir le Jour J. », explique Christian Fémy, directeur sportif des sports d’hiver. Un frein certes, mais qui n’a pas empêché Nicolas Sarremejane de monter sur le podium en décrochant trois médailles d’argent avec sa première médaille aux Deaflympics en Super G, une en géant et une autre en slalom. À l’argent s’ajoute le bronze, avec deux médailles, glanées en combiné alpin par Nicolas et une seconde en Super G par Thomas. Soit, un bilan similaire à celui des Deaflympics en Russie en 2015.

 

Trop peu de sportifs en compétition

Deux skieurs en compétition sur un évenement international, un nombre justifié selon Christian Fémy, qui l’explique par une sélection stricte et un manque de sportifs en licence compétition. « Comme toujours dans les sports d’hiver, nous n’emmenons que des potentiels qui pourront être médaillés. Nicolas et Thomas avaient déjà participé aux précédents Deaflympics et étaient déjà montés sur les podiums », explique Christian Fémy. « Ils doivent donner le meilleur d’eux-mêmes le jour J. C’est ce qui nous importe, on préfère miser sur la qualité des compétences sportives, plutôt que sur la quantité de sportifs présents. Même si le circuit, au niveau national, est ouvert aux sourds, peu viennent pratiquer et se joindre à notre mouvement, bien que les championnats de France et la Coupe de France leur soient ouverts. »

 

Aujourd’hui, seuls 17 sportifs sourds sont licenciés, dont six en compétition. « Il manque un circuit de compétitions sourds à l’international, qui pourrait permettre de se développer davantage », conclue le directeur sportif. // A.Guyon

Les deaflympics

Événement sportif international, les Deaflympics sont organisés tous les deux ans en alternance été/hiver, sous l’égide de l’ICSD (Comité International des Sports pour les Sourds). Équivalent des Jeux Paralympiques d’hiver, ils sont le rendez-vous sportif de l’élite sourde et malentendante.
Plus d’infos sur france-deaflympics.fr

 

3 questions à Stéfan Sazio

Entraîneur de l’équipe de France de ski, chargé de développement de la discipline

Comment expliquezvous le fait qu’il y ait moins de skieurs en compétition, notamment pour ces Deaflympics d’hiver ?
Je pense que c’est une désaffection par rapport à la compétition, à l’implication et aux sacrifices que cela demande. Notre discipline n’est pas la seule à être touchée.

Quel avenir pour le ski sourd et malentendant en France ?
C’est difficile à dire, mais je pense qu’il faut faire plus de détection pour nous permettre de trouver de nouveaux potentiels. Lors des précédentes journées de détection, j’ai pris contact avec pas mal de sportifs pour voir leur niveau de pratique, ce qu’ils souhaitent faire et pour leur proposer des solutions.
À l’heure actuelle, et à titre d’exemple, une jeune malvoyante qui souhaite démarrer et qui se lance à fond dans le ski, sera accompagnée. Mais pour cela, elle doit avoir envie de s’engager et de passer par des stages de détection.

Quel est le circuit pour les sports d’hiver sourds ?
Le plus haut sur le plan national est le championnat de France, mais il y a également d’autres championnats et courses de ski de clubs sourds. Ensuite, à l’international il n’y a que les Deaflympics d’hiver. Toutes les compétitions nationales sont ouvertes aux personnes sourdes et malentendantes, puisqu’il y a une catégorie sourds.
// A.Guyon

Plus d’infos sur ski-handisport.org