Déficients visuels et sourds : s’ouvrir à tous les jeunes

La pratique sportive des jeunes déficients sensoriels est un axe de travail prioritaire au sein de la Fédération Française Handisport. La part de ces pratiquants doit croître rapidement. Après les Jeux de l’Avenir cette année à Saint-Nazaire, les déficients sensoriels vont aussi pouvoir prendre part au Grand Prix National, l’autre temps fort dédié aux jeunes, en 2018.

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Découverte du cécifoot pour de jeunes déficents visuels avec Charly Simo (à droite) au stade Louis Lumière à Paris en juin 2016.

L’ouverture est un concept très à la mode ces temps-ci. La Fédération Française Handisport ne déroge pas. Depuis presque trois ans, les sportifs déficients visuels et les sourds sont l’objet d’une attention particulière.
« La part de déficients visuels, notamment, dans les collectifs réunis pour les compétitions nationales et internationales de référence ne cesse de diminuer », pose Charly Simo, en charge du développement de la pratique des déficients visuels à la FFH. Le constat est sans appel : sur la saison 2015-2016, les déficients visuels et les sourds représentaient respectivement 9 et 8 % des licences jeunes (moins de 21 ans). La nécessité de se rapprocher de ce public est apparue indispensable. Cette année, c’est une première, le cécifoot a été intégré aux Jeux de l’Avenir, disputés à Saint-Nazaire. « Il est important qu’une discipline jouissant d’une telle notoriété et d’un tel retentissement médiatique soit proposée sur un rendez-vous comme les Jeux de l’Avenir », développe Charles Hordenneau, référent des grands événements jeunes pour la Fédération. Une première pierre intéressante pour doper la participation des déficients visuels, qui n’étaient, sur la côte Atlantique, que 50 sur 540 jeunes au total.

Charly simo, référent pour les déficients visuels à la ffh 

Cette initiative est le fruit d’un travail approfondi commencé il y a environ trois ans. « Les Fédérations des Aveugles de France et Handisport ont opéré un rapprochement. Celui-ci s’est traduit par l’embauche à la FFH de Charly Simo en janvier 2015. » Il a permis d’impulser concrètement des projets estampillés FFH et de matérialiser la prise de conscience de celle-ci, prête à s’ouvrir. « Nous avons réfléchi à des projets clés en main afin de les proposer aux comités territoriaux, où nous avions constaté une forte présence de déficients visuels », développe le salarié fédéral. « L’objectif étant de dépasser le cadre promotionnel des manifestations pour en faire des journées découverte. À l’issue de ces rendez-vous, encadrés par des responsables de clubs locaux, les jeunes se voient proposer une offre de pratique dans les clubs, en nous appuyant sur des centres spécialisés parce qu’ils possèdent les infrastructures adaptées. » Les sportifs peuvent ensuite tester, pendant une petite période, une ou plusieurs disciplines avant de se décider. Ces journées et ces démarches sont importantes. « L’un des leviers pour grossir les rangs de l’élite est de recruter à la base », appuie encore Charly Simo.

« Nous espérons donc, par ce biais, alimenter les stages de Jeunes à Potentiel (JAP) et à terme les équipes de France. Lancées il y a deux ans, ces journées, où les sportifs ayant entre 6 et 20 ans, peuvent se familiariser avec le cécifoot, le goalball et de nombreuses autres disciplines, vont évidemment être reconduites. L’an dernier, nous avons touché 301 jeunes. Ils étaient entre 30 et 40 près de Bordeaux et en Ile-de-France, 60 à Lille… Cette année, la participation est en hausse. »

Bientôt un poste dédié aux sourds à la ffh

Bien en place pour les déficients visuels, la démarche devrait prendre de l’épaisseur pour les sourds. Le nouveau président, Frédéric Delpy, a émis la volonté de créer un poste, à la FFH, dédié au développement de la pratique des sourds. Autrement dit, trouver un pendant, pour ce public, à Charly Simo. L’objectif est de créer un lien concret afin de proposer des activités en phase avec leurs attentes et, à terme, de les intégrer pleinement dans les événements jeunes majeurs. L’approche est toutefois un peu différente. Si les adaptations logistiques sont minimes, la communication, elle, change davantage. « Les sourds, ne se considèrent pas handicapés. Ils aiment, voire préfèrent, se retrouver entre eux », développe Charles Hordenneau. Comme pour les déficients visuels, l’accroche se fera plus aisément en organisant des projets dans les territoires. En ciblant, là encore, les régions et les bassins de vie où ils sont le plus représentés. Là où des centres spécialisés importants sont établis en renforçant les liens existants, depuis 2007. « Il y a l’Ile-de-France, l’Aquitaine ou encore l’Occitanie », situe le coordonnateur des événements jeunes. Mettre sur pied des journées multisports qui leur sont exclusivement réservées semble également indispensable. Cela a été entrepris depuis 2009 par le comité d’Île-de-France. Six établissements étaient réunis durant l’année pour plusieurs journées de compétition. L’une était consacrée au handball, l’autre au football… « Entretenir cela et le reproduire, nous demande d’entrer en relation avec les centres spécialisés et l’éducation nationale. Un grand nombre de sourds sont scolarisés en milieu valide. » La FFH va ouvrir le Grand Prix national des Jeunes 2018 aux déficients visuels et aux sourds. « Ces épreuves se jouant toutes par équipe. La notion d’intégration sera donc plus forte encore », souligne Sandra Mauduit, cadre technique national en charge des jeunes. L’ouverture, elle, devra être réciproque. // J. Soyer

La question que tout le monde se pose

Lambis Konstantinidis, Responsable sport et intégration paralympique au sein de Paris 2024

Les Jeux à Paris en 2024, en terme d’accessibilité, ça représenterait quoi ?

Notre objectif est que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 représentent une expérience accessible et inclusive pour tous, parce qu’il s’agit d’un projet qui appartient à tous.

Même s’il n’est pas possible de rattraper complètement toutes les questions d’accessibilité en sept années, les Jeux serviront dans ce domaine comme un accélérateur de changement et laisseront sur ce point un héritage tangible et durable. C’est une opportunité rare que nous ne pouvons pas nous permettre de rater. Tout d’abord, avec un village olympique et paralympique exemplaire en matière d’accessibilité, conçu dès le départ comme une communauté inclusive et pour une utilisation pérenne après les Jeux. Par ailleurs, le centre aquatique tout neuf sera entièrement accessible et adapté à la pratique de toute la population de la Seine Saint-Denis.

Nous avons notamment prévu des travaux d’aménagement dans tous les sites existants qui ont été retenus pour les Jeux Olympiques et Paralympiques, afin d’améliorer leur accessibilité non seulement pour les handicaps physiques mais aussi sensoriels. Bien entendu, l’ensemble des sites temporaires est d’ores et déjà planifiés pour le confort de toutes les populations. En ce qui concerne les transports, les projets du Grand Paris assureront une accessibilité totale de toutes les nouvelles stations et gares, ainsi que des aménagements pour les stations et gares existantes, un indispensable pour faciliter les déplacements aux sites de compétition.

Enfin, nous n’oublions pas l’expérience des spectateurs qui est capitale pour assurer des Jeux véritablement inclusifs. Nous avons déjà vocalisé notre site web pour faire passer au mieux nos messages auprès de tous ; il s’agit d’une première pour une candidature. Notre ambition est d’offrir un accueil adapté à tous les handicaps, par exemple pour notre futur site web, les compétitions, la billetterie ou l’implication au sein du programme des volontaires.

Nous invitons tout le monde à venir partager cette ambition pour faire de Paris 2024 les Jeux les plus accessibles de l’histoire !