Le curling assis, jeu d’échecs sur glace

Le curling assis ou paracurling, dont la fédération a obtenu la délégation, encore confidentiel en France, commence à trouver son public. Jean-Yves Le Meur, s’y est initié en Suisse, il y a trois ans. Passionné, il fait découvrir cette discipline dans l’Hexagone, avec l’ambition de créer une équipe française compétitive. Zoom sur ce sport inclusif et ouvert à de nombreux profils de handicaps.

Jean-Yves Le Meur, amputé fémoral de la jambe droite et du pied gauche à la suite d’un accident de train survenu quand il avait 19 ans, a découvert ce sport en 2019. « J’habite dans le Pays de Gex, non loin de Genève », explique cet ancien skieur de l’équipe de France, 53 ans aujourd’hui. « Un très bon ami m’a proposé de tester la discipline dans l’arène de Genève où une équipe de curling en fauteuil évolue. » L’histoire est en marche. Sportif invétéré, ce touche-à-tout attiré par la compétition, apprécie tout de suite. Actuellement, Jean-Yves Le Meur joue pour le club de Genève avec une équipe de joueurs assis. « En termes d’inclusion, c’est très bien parce que l’on affronte des équipes 100 % valides, dites “piétons”, vante-t-il. « La seule différence : les valides peuvent balayer la pierre, pas les assis. »

Favoriser l’interaction entre les clubs valides et les comités territoriaux
Le paracurling, devenu paralympique en 2006 lors des Jeux de Turin, peut être pratiqué, en loisir ou au niveau national, par des sportifs présentant des handicaps très variés. Cependant, il ne se pratique qu’en fauteuil roulant, par équipe mixte de quatre ou de deux joueurs. « Au niveau paralympique, les critères d’éligibilité sont plus stricts. En résumé, il ne faut pas pouvoir jouer debout », explique Jean-Yves Le Meur. « Sinon, c’est très ouvert. » Et facilement accessible. « On peut jouer avec un fauteuil de ville traditionnel. Ce sont les mêmes pistes, les mêmes pierres. » Seul un stick, une tige au bout de laquelle une poignée s’emboîte sur celle de la pierre, est nécessaire pour permettre aux joueurs assis de lancer la pierre. « Il est assez facile de s’en procurer », insiste le Breton d’origine. « Il faut absolument favoriser les interactions entre les comités territoriaux handisport et les clubs de curling valides. On ne peut pas faire de curling sans utiliser les infrastructures valides. » En attendant, Jean-Yves Le Meur sensibilise, forme et fait découvrir ce sport en France. Quelques joueurs, séduits par les notions tactique et technique du curling, ont mordu. « Il ne suffit pas d’envoyer la pierre le plus près possible du centre de la cible », détaille, l’ambassadeur tricolore. « Il faut élaborer une construction de jeu afin de permettre au dernier joueur de gagner un ou deux points grâce au travail préparatoire des équipiers. » Les lanceurs, eux, doivent trouver la bonne force et respecter la direction privilégiée par le joueur, en charge de la stratégie, placé au centre de la cible (qui skippe). « C’est un vrai jeu d’échecs sur glace », image Jean-Yves Le Meur. « C’est addictif parce qu’il faut faire le bon geste. Et il n’y en a pas deux. » // Julien Soyer

Découvrez la discipline (histoire, matériel, formes de pratique) grâce au livret “Approche du Curling” : www.curling.handisport.org 

Infos et renseignements : curling@handisport.org